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HONG KONG MADNESS

HONG KONG MADNESS
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17 avril 2013

ZU - LES GUERRIERS DE LA MONTAGNE MAGIQUE [GALERIE]

titre
RÉALISÉ PAR ... TSUI HARK.
PRODUIT PAR ... LEONARD HO.
ÉCRIT PAR ... CHEUK-ON SZETO.

YUEN BIAO ... Ti Ming Chi.
MENG HOI ... Yi Chen.
ADAM CHENG ... Ting Yin.
DAMIAN LAU ... Abbé Hsiao Yu.
LIN CHING-HSIA ... Dame des glaces.
MOON LEE ... Mu Sang.
SAMMO HUNG ... Long-sourcils / Le gros.

Au Xème siècle, d'interminables guerres civiles déchirent la Chine tandis que dans les hauteurs inviolées du mont Zu, le sort du monde est en train de se jouer. Un monstre aux pouvoirs illimités est sur le point de renaître, malgré les efforts conjugués d'un preux chevalier et de puissants moines. Un jeune éclaireur naïf va se joindre aux soldats du Bien. Mais ils ne disposent que de quarante-neuf jours pour sauver la planète du désastre...

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17 avril 2013

THE BATTLE - DRAGON TIGER GATE

14[DRAGON TIGER GATE - WILSON YIP - 2006]

Le duo magique Wilson Yip - Donnie Yen est l'une des figures la plus prometteuse du cinéma hong-kongais d'aujourd'hui. Ayant trouvé la gloire en Occident avec de magnifiques films comme SPL (2005), IP MAN (2008) et IP MAN 2 (2010), ils ont également livré avec DRAGON TIGER GATE une des plus belles des dernières réussites du cinoche HK actuel. Si beaucoup ont décrié le film (et beaucoup des autres oeuvres de Wilson Yip), c'est pourtant une oeuvre de qualité, magnifiquement photographiée, chorégraphiée et mise en scène, et livrant un magnifique hommage aux mangas et aux comics dont il s'inspire ouvertement... Une grande part de cette réussite revient toutefois à la magnifique musique de Kenji Kawai, mythique compositeur des terrifiants RING (1998) et DARK WATER (2003) d'Hideo Nakata, mais aussi de GHOST IN THE SHELL (2005) de Mamoru Oshii, qui après une première collaboration fructueuse avec Tsui Hark dans le cinéma d'arts martiaux avec le magnifique SEVEN SWORDS (2005) décida de réitérer l'expérience avec Wilson Yip, cette fois. Le résultat est l'une des plus belles compositions d'un des plus grands compositeurs contemporains, une bande-son sublime qui se marie avec perfection aux visuels époustouflants du film et vient en exacerber la puissance émotionnelle à chaque instant... La bande-son de Kawai vole presque la vedette aux visuels incroyables de Yip et aux chorégraphies majestueuses du grand Donnie Yen. Une des plus belles preuves de la beauté de cette bande originale est son 18ème morceau, THE BATTLE, long de 10 minutes, qui, comme son nom l'indique, soutient et donne une dimension profondément épique a un combat hyper spectaculaire et imaginatif. Le film est à voir, à avoir, et peut-être même à voir plusieurs fois, mais la musique est à écouter en boucle. Enjoy!

-ZE RING-

14 avril 2013

THE LOVERS - PUNITION & MUSIQUE

58[THE LOVERS - TSUI HARK - 1995]

Pour le deuxième extrait, j'ai choisi de vous proposer quelque chose de plus poétique et de moins violent que précédemment... Je parle bien évidemment de la grande scène musicale de THE LOVERS, dans laquelle Leung Shan-Pak, le personnage interprété par Nicky Wu, joue pour atténuer la peine de Chuk Ying-Toi (Charlie Yeung), après que celle-ci ait été punie pour avoir cassé un instrument. Au-delà de sa beauté visuelle et musicale évidente et sans égal, cette scène est également magnifique dans le sens ou, sans en dire trop, elle constitue un virage important pour les deux protagonistes du récit. C'est aussi un des nombreux sommets émotionnels du film : c'est une scène d'une rare poésie, d'un lyrisme étonnant et qui s'intègre aussi bien au récit qu'elle se démarque des autres scènes par son traitement visuel, par l'importance qu'a ici la musique, son montage particulier et sa puissance émotionnelle. Petit chef d'oeuvre au sein de ce chef d'oeuvre monstrueux qu'est THE LOVERS, cette scène est magnifique en tous points, et je ne me lasse pas de la regarder. Au-delà de ça, difficile d'en parler sans trop en dire, alors je me contenterai de conclure sur une note simple : Enjoy!

-CRITIQUE DE THE LOVERS SUR ZE LORD OF THE RING-

-ZE RING-

13 avril 2013

UN CINÉASTE MAJEUR ET MÉCONNU

Full Contact[FULL CONTACT - RINGO LAM - 1993]

Tout le monde connaît John Woo et Tsui Hark. Mais il y a un autre cinéaste hong-kongais majeur que tout le monde devrait connaître : Ringo Lam. Pourtant, qui peut se vanter de vraiment connaître sa filmographie et d'avoir vu ses films? Moi-même, je n'ai vu que le complètement barré FULL CONTACT avec Chow Yun-Fat ainsi qu'IN HELL (2003) et REPLICANT (2001) avec Jean-Claude Van Damme, qui sont sans aucun doute, d'ailleurs, les deux meilleurs films de ce dernier. Sa renommée est limitée et ses films sont difficilement trouvables. Pourtant, Ringo Lam est l'un des cinéastes hong-kongais les plus importants, ayant apporté au cinéma de l'ancienne colonie une facette subversive, transgressive et nihiliste qu'il n'avait pas forcément avant. FULL CONTACT est bien représentatif de cette démarche de proposer un cinéma subversif et défiant toutes les règles morales établies : c'est un film complètement foutraque, ne s'embarassant jamais de valeurs morales et faisant preuve d'une violence qui n'a d'égale que sa folie furieuse et son inventivité visuelle. Mais les plus grands chefs d'oeuvres du monsieur seraient selon beaucoup de connaisseurs le quasiment introuvable SCHOOL ON FIRE (1988), son PRISON ON FIRE (1987) et CITY ON FIRE (1987), film dont le RESERVOIR DOGS (1992) de Quentin Tarantino est d'ailleurs le remake... Incroyable quand même de penser que les films de Ringo Lam sont tous quasiment introuvables, ou en tout cas, très durs à trouver, alors qu'il a influencé un des cinéastes les plus influentiels de cette génération.
Pour ma part, mon expérience avec les films de Ringo Lam a été pauvre, mais fructueuse : j'ai adoré le peu de films que j'ai vu de lui, et j'espère continuer sur cette lancée. J'ai reçu aujourd'hui LE TEMPLE DU LOTUS ROUGE (1994), qui m'intéréssait de près : voir Ringo Lam aborder le Wu Xia Pian m'intriguait énormément, et voir collaborer deux géants du cinéma hong-kongais, à savoir Lam et Tsui Hark, est une occasion à ne pas rater. De même, j'ai trouvé son très controversé UNDECLARED WAR (1990) chez Asian Star, et je me suis rendu compte que beaucoup de ses films sont en réalité très simples à trouver en France : CITY ON FIRE est toujours problématique, mais les deux PRISON ON FIRE ainsi que LE TEMPLE DU LOTUS ROUGE sont sortis chez HK VIDEO, UNDECLARED WAR et THE VICTIM (1999) sont sortis chez Asian Star... Seuls SCHOOL ON FIRE et quelques autres posent problème, puisqu'il faut les commander directement à Hong Kong. Je pense que c'est un compromis à faire, néanmoins : ses films ont l'air absolument géniaux, et sa vision cinématographique semble fascinante, mise en perspective avec ce qui se faisait à Hong Kong à la même époque. Qu'en pensez-vous?

-ZE RING-

School on fire[SCHOOL ON FIRE - RINGO LAM - 1988]

12 avril 2013

LE SYNDICAT DU CRIME

Titre
RÉALISÉ PAR ... JOHN WOO.
PRODUIT PAR ... TSUI HARK.
ÉCRIT PAR ... JOHN WOO.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR ... JOSEPH KOO.

TI LUNG ... Sung Tse Ho.
LESLIE CHEUNG ... Sung Tse Kit.
CHOW YUN-FAT ... Mark Lee.
WAISE LEE ... Shing.
EMILY CHU ... Jackie.
KENNETH TSANG ... Ken.

Ho, un membre réputé des Triades, forme une équipe efficace avec son ami Mark Lee, et le novice Shing. Néanmoins, lorsqu'il apprend que son frère Kit, a qui il a toujours caché ses activités, est accepté à l'école de police, il décide de se ranger. Lors de son dernier coup, à Taïwan, il est trahi et la police l'emprisonne. Lorsqu'il en sort, il aura pour seul objectif que de regagner la confiance de celui-ci.

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LE SYNDICAT DU CRIME peut être légitimement considéré comme le film le plus important de l'histoire du cinéma hong-kongais. S'il est souvent considéré, en partie à juste titre, que ce sont les films de Bruce Lee et les oeuvres de Chang Cheh qui ont permis a celui-ci de trouver la gloire jusqu'en Europe et en Amérique, c'est en réalité au SYNDICAT DU CRIME que tout le mérite de cette gloire revient. Sans LE SYNDICAT DU CRIME, le cinéma hong-kongais tel qu'on le connait n'aurait jamais vu le jour. Film fondateur et révolutionnaire, il marque, en 1986, le début d'un nouveau cinéma hong-kongais, d'un âge d'or pour l'industrie cinématographique de la colonie britannique qui, à ce jour, n'a encore jamais été égalé. Le film révolutionnera en profondeur le marché cinématographique hong-kongais, puisqu'il en changera profondément les modes mais aussi les préférences du public et les standards de qualité. Rappelons qu'en 1986, le cinéma hong-kongais est en plein essoufflement. La nouvelle vague initiée par Tsui Hark en 1979 avec THE BUTTERFLY MURDERS s'est elle-même essoufflée au début des années 1980, et à l'exception des oeuvres de la bande à Sammo Hung et Jackie Chan, aucun espoir de renouveau pour le cinéma hong-kongais ne s'annonce. C'était sans compter sur Tsui Hark, qui, en 1986, rencontre John Woo, sans conteste le réalisateur le plus connu de Hong Kong. Celui-ci connait à l'époque de sérieux problèmes artistiques : son dernier film en date, LES LARMES D'UN HÉROS, à été sabordé par la Golden Harvest, qui l'a remonté et qui y a implémanté des scènes comiques pour atténuer la violence originelle du métrage. Pire encore, en 1985, la Golden Harvest refuse catégoriquement de sortir le film. Déprimé après des années passées chez cette dernière à réaliser des comédies ou des films d'arts martiaux qui, la plupart du temps, ne l'intéressent pas (exception faite pour LA DERNIERE CHEVALERIE (1979), PRINCESSE CHANG PING (1976), PLAIN JANE TO THE RESCUE (1982) ou LES LARMES D'UN HÉROS justement), sa rencontre avec Tsui Hark aura vite fait de le requinquer. Le John Woo qu'on connait, le grand réalisateur de THE KILLER et d'UNE BALLE DANS LA TÊTE, vient alors de naître.

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Tsui Hark à lui-même de sérieux problèmes à l'époque. Ses trois premiers films (THE BUTTERFLY MURDERS (1979), HISTOIRES DE CANNIBALES (1980), L'ENFER DES ARMES (1980)) ont tous été des échecs publics et se sont parfois attirés les foudres de la censure. De même, ZU, LES GUERRIERS DE LA MONTAGNE MAGIQUE (1983) et SHANGHAI BLUES (1984), en dépit de leur importance cinématographique, ont tous deux été des échecs commerciaux. De ce mal est venu un bien néanmoins : Tsui Hark, exaspéré par l'attitude des studios de production, forme en 1984 le Film Workshop, une compagnie de production dont les ambitions sont sans précédent : Hark veut y réunir les plus grands réalisateurs, scénaristes, acteurs et techniciens de Hong Kong pour révolutionner de fond en comble son industrie et sa production cinématographique. En 1986, Hark prend John Woo sous son aile et produit pour lui son premier grand film : LE SYNDICAT DU CRIME. Résultat des visions révolutionnaires pleines d'ambition de deux génies fous furieux, celui-ci, au-delà de son succès incroyable, révolutionna le cinéma hong-kongais (en même temps que PEKING OPERA BLUES (1986) de Tsui Hark) par bien des aspects. Le premier, et le plus notable, c'est que le film est véritablement fondateur d'un genre nouveau et exclusif au cinéma cantonais : l'heroic bloodshed. Le genre pourrait très bien être résumé aux polars de John Woo, tant celui-ci est le résultat brut de toutes les obsessions posées sur pellicule de ce dernier. Le genre, sommairement, met en scène des personnages héroïques qui évoluent dans des situations extrêmement dramatiques, épiques et shakespeariennes, qui laissent place à des fusillades irréels à la violence stylisée et exacerbée. Les personnages d'heroic bloodshed se rapprochent d'ailleurs énormément de figures iconiques du Wu Xia Pian. En l'occurence, en fondant le genre, c'est à son maître Chang Cheh que John Woo rend ouvertement hommage, mais aussi à Jean-Pierre Melville et à Sam Peckinpah.

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John Woo commença sa carrière chez Chang Cheh, justement, en tant qu'assistant-réalisateur. Celui-ci avait, avec des oeuvres comme UN SEUL BRAS LES TUA TOUS (1967) ou LA RAGE DU TIGRE (1971), complètement masculinisé un genre pourtant très féminin : le Wu Xia Pian, équivalent chinois du film de chevalerie ou de capes ou d'épées. Bien qu'il ait toujours renié son homosexualité, Chang Cheh présentait fréquemment dans ses films des personnages masculins très androgynes qui entretiennent entre eux des "amitiés viriles", des relations très proches de l'homosexualité en somme. Influencé par Chang Cheh, mais aussi par Melville et Peckinpah qui, dans leurs films, présentaient aussi des personnages masculins entretant des amitiés viriles, John Woo livre avec LE SYNDICAT DU CRIME un véritable film d'homme. Seulement là ou chez Chang Cheh, "film d'homme" était aussi souvent synonyme de machisme (les femmes y sont soit en second plan soit véritablement horribles moralement), chez John Woo, le tout sert constamment la dimension épique du métrage et sa portée émotionnelle. Pour autant, le film se construit intégralement comme un hommage constant aux films sur le sabreur manchot de l'illustre Chang Cheh. Sans en dire trop, c'est une histoire de rédemption, de vengeance et de déchéance, qui suit à la lettre le schéma narratif de films comme LA RAGE DU TIGRE et qui adapte littéralement les codes du Wu Xia Pian tels qu'ils ont été imposés par l'ogre dans les années 1960-1970 aux exigeances du polar urbain. Le résultat est à l'époque complètement inattendu : c'est LE SYNDICAT DU CRIME, un film qui mêle naturalisme et baroque, réalisme et romantisme, violence et lyrisme... Nombreux sont les détracteurs de John Woo, qui le considèrent comme un maniériste sans véritable intelligence, et pourtant, LE SYNDICAT DU CRIME est une oeuvre qui, à tous les niveaux, fait preuve d'une grande subtilité, mais aussi d'une grande intelligence dans la manière dont elle détourne les codes narratifs mais aussi visuels d'un genre alors en plein esssoufflement pour trouver sa propre identité artistique. Finalement, LE SYNDICAT DU CRIME peut être vu comme une modernisation sauvage et soudaine du Wu Xia Pian, comme un objet cinématographique difficile à définir qui ancre un genre pourtant très codifié dans un contexte spatial, temporel, mais aussi social et politique, complètement distinct de celui auquel il est généralement soumis.

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Dès lors, on ne sera pas surpris de retrouver dans le film des représentations propres au Wu Xia Pian façon Chang Cheh alors que celui-ci s'ancre de toute évidence dans un contexte plus réaliste. Au-delà du choix de Ti Lung pour jouer le rôle principal (il fut pendant longtemps l'acteur de prédilection de l'ogre, avec David Chiang), et de deux autres acteurs quelques peu androgynes pour les deux autres rôles les plus importants du film, Chow Yun-Fat et Leslie Cheung, impossible de ne pas voir dans le choix de John Woo de romancer complètement les Triades une volonté évidente de les rapprocher des personnages chevaleresques des films de la Shaw Brothers. Pour autant, il ne faudrait pas croire que le regard porté par Woo sur les Triades est faussé, puisque s'il romance ses personnages de gangsters les plus nobles de manière constante, il n'hésite pas à porter un regard plus dur sur les antagonistes de son métrage, et le fait que le film prenne complètement le parti du personnage de Ho de se ranger et de rester loin du milieu criminel devrait en dire long à ce sujet... De même, s'il est souvent cru que John Woo dématérialise la violence et la mort en les stylisant au travers de ralentis sublimes, en réalité, il les exacerbe, non seulement dans une optique de les rendre plus fortes et plus épiques, mais aussi afin d'en montrer l'horreur et l'absurdité. LE SYNDICAT DU CRIME, comme toutes les oeuvres de John Woo (à part les plus radicales comme UNE BALLE DANS LA TÊTE (1990) et A TOUTE ÉPREUVE (1992).), joue en permanence sur de telles ambiguités, et l'homosexualité des personnages ne fait pas exception. Celle-ci n'est jamais clairement définie, mais impossible de ne pas voir filtrer dans la relation qu'entretient Ho avec son comparse Mark une dimension presque homosexuelle. Au-delà du physique des acteurs qui les interprètent, leurs comportements vis-à-vis de l'un et de l'autre sont révélateurs d'une séxualité ambivalente, qui, si elle n'est jamais véritablement explicitée, à bel et bien son écho dans le film. Ici aussi, difficile de ne pas voir un autre hommage à un des maîtres spirituels de John Woo, l'illustre Enzo G. Castellari et à son STREET LAW (1974), sans doute un des premiers films à pousser aussi loin la notion d'amitié virile.

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Malgré leur homosexualité très souvent suggérée, et ce, autant par la narration que par la réalisation, les personnages font néanmoins preuve d'un charisme viril et bien masculin, en dépit de leur physique parfois très effeminé. Le personnage le plus représentatif de cette nouvelle ambivalence, c'est celui de Chow Yun-Fat, équivalent hong-kongais d'Alain Delon (si ce n'est que Chow Yun-Fat a plus qu'une gueule, mais est aussi un très grand acteur), qui interprète ici la figure immédiatement iconique de Mark Lee. Cause principale du succès monumental du SYNDICAT DU CRIME, celui-ci envouta littéralement les foules à l'époque de sa sortie et s'imposa quasiment automatiquement comme une des figures les plus iconiques et charismatiques du cinéma hong-kongais. Véritable visage des oeuvres de John Woo, il en est toujours l'icône, merci à sa "coolness" évidente, mais aussi à son charisme agressif, qui, s'il est très prononcé (il n'y a qu'a voir FULL CONTACT (1993) de Ringo Lam pour s'en convaincre), laisse toutefois place à des traits quelque peu effeminés et à un physique qui, à l'époque, tout pour charmer la gente féminine hong-kongaise. Acteur de prédilection de John Woo, il est dès LE SYNDICAT DU CRIME, un moyen pour lui de détourner les attentes du spectateur... En effet, si on se rappellera tous du frimeur cool en imperméable infiminement charismatique qu'il interprète en début de film, Mark Lee est aussi le premier personnage du film à subir la déchéance et devient dès le début du film une espèce d'incarnation nouvelle du sabreur manchot. Handicapé, réduit à la pauvreté honteuse, le personnage de Mark est d'autant plus iconique qu'il brave toutes ses difficultés pour enfin parvenir à se hisser au niveau d'héros épique et shakespearien qu'on attend d'un tel rôle. En créant le personnage de Mark Lee, John Woo crée le personnage du "flingueur manchot" (enfin, pas vraiment, mais on va peut-être pas trop en dire) finit d'adapter son polar aux exigeances du Wu Xia Pian (et inversement), mais, dans le même temps, il détourne complètement celles-ci. Avoir fait de Mark Lee, en dépit de son charisme et de son statut dans le film, un personnage secondaire est un premier pas... Le deuxième, c'est d'avoir fait de Ti Lung, habituellement le sidekick du héros infirme dans les productions de la Shaw Brothers, le personnage principal du film. John Woo joue constamment sur les attentes et les codes, et pas seulement dans LE SYNDICAT DU CRIME, mais s'il y a bien une chose qui détermine et caractérise l'importance et l'influence de celui-ci, d'un point de vue narratif, sur le cinéma hong-kongais, c'est ça.

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Si Mark Lee est le symbole le plus représentatif du SYNDICAT DU CRIME, il ne faudrait néanmoins pas oublier les autres personnages, tous brillament dépeints par John Woo. Celui-ci livre des portraits très subtils de ses personnages, troublés et obscurs, et ceux-ci sont en permanence au centre des enjeux du film. Woo passe une heure et demi à faire le portrait de ces personnages complexes et pour cela, les fait évoluer dans des situations toutes aussi complexes et dans des gunfights spectaculaires ou leur héroïsme se révèle rééllement. En attachant constamment autant d'importance à ses personnages, John Woo fait de son film une oeuvre à la portée émotionnelle très forte, un film bouleversant qui, par son traitement épique de son histoire et de ses personnages, plonge le spectateur directement au coeur des enjeux et des préoccupations de ce dernier. Tout est fait dans LE SYNDICAT DU CRIME, et dans l'intégralité de la filmographie de John Woo, pour faire ressortir les émotions les plus pures chez le spectateur. Pour cela, il emploie des procédés narratifs forts et puissants : dans LE SYNDICAT DU CRIME, l'héroïsme est puni, la rédemption et le pardon complètement inaccessibles, la violence et la mort inévitables et la loyauté est toujours vaincue par la trahison et l'avarice. Oeuvre romancée mais aussi profondément nihiliste, LE SYNDICAT DU CRIME est une oeuvre dont la noirceur implacable n'est pas sans rappeler celle des oeuvres de Jean-Pierre Melville et de Sam Peckinpah, et qui est ici utilisée à très bon escient pour quitter le spectateur sur un véritable K.O. émotionnel... Si LE SYNDICAT DU CRIME n'est pas vraiment l'oeuvre la plus bouleversante du maître, loin de là, elle offre quand même son quota d'émotions, et en montrant l'humanité et l'héroïsme de personnages pourtant très violents, s'impose comme un spectacle aussi choquant que réjouissant. Cela ne serait pas possible si John Woo n'accordait pas tant d'importance à ses personnages, sur lesquels il ne porte jamais de jugement et, tout en les romançant, n'hésite pas à montrer le mauvais en eux... Quitte à faire par moments d'un des deux personnages principaux un véritable antagoniste symbolique, ou à l'inverse, de faire d'un personnage sympathique un traitre agaçant et hypocrite. Woo ne cache rien, et si LE SYNDICAT DU CRIME est bel et bien une oeuvre épique et romancée, elle ne cache rien de la réalité des choses. Derrière la naïveté de John Woo qui transparait de ses propos idéalistes sur l'amitié, la fraternité et les liens familiaux, qui, selon lui, ne peuvent pas être brisés (comme le montre le plan final), se cache en réalité une vision très noire de l'humanité.

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Pour autant, John Woo demeure un éternel optimiste, par ailleurs révélé par le tître anglais du film : A BETTER TOMORROW... Un meilleur lendemain, oui, en tout cas, c'est ce que John Woo espère, et pour continuer d'espérer, il ne nous montre jamais le lendemain en question et, à l'aune de sa conclusion, fige l'image sur le fin mot de l'histoire, comme s'il voulait dire que si tout ce qu'il attend est que les choses s'améliorent, rien n'est plus incertain... Rappelons qu'a l'époque, les Triades terrorisent littéralement Hong Kong (ce qui fait du SYNDICAT DU CRIME une oeuvre très subversive puisqu'il s'agit d'une des premières fois, à ma connaissance du moins, que celles-ci seront romancées à un tel extrême) et que la situation criminelle, couplée à la rétrocession prochaine d'Hong Kong à la Chine, ne semble pas prête de s'améliorer. Le contexte social et politique est on ne peut plus troublant, et troublé, et LE SYNDICAT DU CRIME se pose aussi comme un état des lieux sans concession, qui comforte le film dans une noirceur incroyable. Aussi optimiste soit-il, John Woo ne se voile pas la face, et l'espoir dans ses oeuvres laisse souvent place à la plus amère désillusion. LE SYNDICAT DU CRIME ne fait pas exception. Pour autant, le message de A BETTER TOMORROW peut aussi trouver son écho dans la situation du cinéma hong-kongais en 1986. Rappelons que si à l'époque, il est complètement essoufflé, LE SYNDICAT DU CRIME aura vite fait de le relancer et d'initier la période la plus florissante, économiquement comme artistiquement, du cinéma de la colonie britannique. A BETTER TOMORROW? Carrément oui, et contrairement à ce qui est cru, Tsui Hark n'est pas le seul initiateur de cette nouvelle vague à l'influence spectaculaire. Tsui Hark n'aurait jamais eu la gloire et la liberté qu'on lui connait si John Woo n'avait pas révolutionné le cinéma avec LE SYNDICAT DU CRIME et THE KILLER, et, à l'inverse, John Woo n'aurait jamais rien fait de plus que LES LARMES D'UN HÉROS si Tsui Hark ne l'avait pas tiré hors du schéma créatif laborieux de la Golden Harvest et ne lui avait pas donné sur un plateau doré une liberté artistique qu'il perdra en 1993 pour ne la retrouver qu'en 2008 avec LES TROIS ROYAUMES. Tout ça pour dire que LE SYNDICAT DU CRIME n'est pas la révolution que d'une seule personne. C'est le mix des esprits tarés de deux génies révolutionnaires qui ont, ensemble, assassiné l'industrie cinématographique de l'époque afin de mieux utiliser les gravats fumants qui en sont restés pour reconstruire un cinéma mourant.

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On aurait toutefois tort de résumer LE SYNDICAT DU CRIME à une révolution narrative, puisqu'avant tout, celui-ci investit les codes visuels du genre qu'il exploite pour les faire littéralement exploser et mieux poser de nouveaux standards. Soyons clair, LE SYNDICAT DU CRIME est le premier pas vers la révolution totale qu'ont été THE KILLER et A TOUTE ÉPREUVE pour le cinéma d'action. John Woo y pose toutes les bases de son style visuel : outre le fait que ses personnages y sont constamment valorisés par la caméra, c'est surtout dans les scènes d'action que celui-ci se pose comme singulier et complètement original. Woo y reprend les bases posées par Peckinpah dans LA HORDE SAUVAGE (1969) et par Castellari dans KEOMA (1976), à savoir un usage fréquent du ralenti pour exacerber la mort et la violence, et les transcende complètement au-delà de toute espérance. Le ralenti n'a jamais été plus beau que chez John Woo, et il signe dans LE SYNDICAT DU CRIME plusieurs des plus belles fusillades de l'histoire du cinéma. La plus belle scène du film, une fusillade dans un restaurant, se pose comme un petit chef d'oeuvre de 2 minutes 40, l'aboutissement total d'un style ou naturellement, la violence la plus percutante vient interrompre une soirée d'amusements et y poser la marque de la mort et de la vengeance. Montant chacune de ses scènes d'action comme un mini-opéra (le genre préféré de John Woo est la comédie musicale), celles-ci présentent une alchimie parfaite entre la brutalité et la puissance des visuels de Woo et la très sympathique musique de Joseph "bontempi" Koo. Mais au-delà des scènes d'action, LE SYNDICAT DU CRIME est également esthétiquement magnifique dans la mesure ou elle mélange au naturalisme des environnements urbains, -magnifiquement filmés par ailleurs-, des éléments complètement baroques. Éclairages éclatants, décors immenses, couleurs insolites, et violence exacerbée sont quelques-uns des éléments inhabituels que John Woo introduit au milieu du naturalisme de son oeuvre... En découle un mélange pas encore tout à fait abouti mais d'une grande efficacité et d'une incroyable beauté esthétique. Mais LE SYNDICAT DU CRIME, c'est aussi de grands acteurs, et si Chow Yun-Fat est ici, comme à son habitude, d'un grand charisme, on notera aussi d'autres performances incroyables de la part des autres acteurs. Ti Lung, notamment, tient ici son meilleur rôle, tout en subtilité et très intense dans son rôle. Leslie Cheung livre ici une excellente prestation et trouve la célébrité... Quand a Waise Lee, il est tout bonnement génial dans le rôle du grand antagoniste du film, même si là encore, tout n'est pas tout à fait abouti. On notera aussi, pour finir, la performance d'Emily Chu, seul personnage féminin du film, très bien mise en avant (la ou Chang Cheh n'en aurait rien eu à foutre d'elle), est excellente, et elle compose avec justesse un rôle touchant et attachant.

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Que dire d'autre? LE SYNDICAT DU CRIME est un chef d'oeuvre, et il ne représente même pas ce que John Woo a pu faire de mieux. Il pose complètement les bases de son style, mais s'impose aussi comme l'oeuvre fondatrice d'un des genres hong-kongais les plus populaires : l'heroic bloodshed, genre dans lequel John Woo signera ses plus grands films. LE SYNDICAT DU CRIME n'atteint pas la puissance émotionnelle d'UNE BALLE DANS LA TÊTE, ni la maîtrise incomparable d'A TOUTE ÉPREUVE ou le lyrisme de THE KILLER, certes... Pour autant, il se hisse sans difficulté dans ce que le cinéma hong-kongais et le polar à pu produire de mieux : c'est une oeuvre puissante émotionnellement, brillamment mise en scène et interprétée, qui à chaque instant révolutionne par son ambition et son traitement visuel tout ce qui s'est fait avant. Jouant autant avec les codes du Wu Xia Pian que du polar, John Woo signe ici un de ses meilleurs films mais aussi une oeuvre d'une importante incommensurable. Le cinéma hong-kongais n'aurait jamais pu devenir ce qu'il est maintenant sans ce film. Peu nombreux sont les oeuvres capables, à elles seules, de ressusciter un cinéma essoufflé tout en changeant de fond en comble les codes, les modes et les standards, et de se payer le luxe de s'imposer comme la nouvelle norme de qualité. Non content de signer un chef d'oeuvre, John Woo, en 1986, livre au cinéma hong-kongais le BETTER TOMORROW dont il avait tant besoin.

POUR ACCÉDER A LA GALERIE COMPLETE DU FILM, CLIQUEZ ICI.

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SI VOUS AVEZ AIMÉ CE FILM, VOUS AIMEREZ AUSSI...

  • LE SYNDICAT DU CRIME 2 (1987) / JOHN WOO
  • THE KILLER (1989) / JOHN WOO
  • UNE BALLE DANS LA TÊTE (1990) / JOHN WOO
  • A TOUTE ÉPREUVE (1992) / JOHN WOO
  • UN SEUL BRAS LES TUA TOUS (1967) / CHANG CHEH
  • LA RAGE DU TIGRE (1971) / CHANG CHEH

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POUR APPROFONDIR...
(Films très différents du film critiqué, mais qui permettent de mieux l'aborder et le comprendre)

  • LE SYNDICAT DU CRIME 3 (1989) / TSUI HARK
  • TIME AND TIDE (2000) / TSUI HARK
  • LE BRAS ARMÉ DE LA LOI (1984) / JOHNNY MAK
  • LE BRAS ARMÉ DE LA LOI 2 (1987) / MICHAEL MAK
  • THE WILD BUNCH (1969) / SAM PECKINPAH
  • LE SAMOURAÏ (1967)  / JEAN-PIERRE MELVILLE
  • STREET LAW (1974) / ENZO G. CASTELLARI

-ZE RING-

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11 avril 2013

LE SYNDICAT DU CRIME [GALERIE]

Titre
RÉALISÉ PAR ... JOHN WOO.
PRODUIT PAR ... TSUI HARK.
ÉCRIT PAR ... JOHN WOO.
MUSIQUE COMPOSÉE PAR ... JOSEPH KOO.

TI LUNG ... Sung Tse Ho.
LESLIE CHEUNG ... Sung Tse Kit.
CHOW YUN-FAT ... Mark Lee.
WAISE LEE ... Shing.
EMILY CHU ... Jackie.
KENNETH TSANG ... Ken.

Ho, un membre réputé des Triades, forme une équipe efficace avec son ami Mark Lee, et le novice Shing. Néanmoins, lorsqu'il apprend que son frère Kit, a qui il a toujours caché ses activités, est accepté à l'école de police, il décide de se ranger. Lors de son dernier coup, à Taïwan, il est trahi et la police l'emprisonne. Lorsqu'il sort de prison, il n'aura pour seule préoccupation que de regagner la confiance de son frère, qui est devenu inspecteur.

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10 avril 2013

A TOUTE ÉPREUVE - PLAN-SÉQUENCE

37[CHOW YUN-FAT ET TONY LEUNG CHIU-WAI DANS A TOUTE ÉPREUVE - JOHN WOO - 1992]

Premier extrait aujourd'hui, et pas des moindres! En effet, je vous propose de regarder le magistral plan-séquence de 3 minutes du tout aussi magistral A TOUTE ÉPREUVE de John Woo. Véritable chef d'oeuvre du cinéma d'action contemporain, il s'agit d'un des plus grands films de son imposant auteur, et d'une oeuvre majeure : c'est un des films d'action les plus impressionnants, les plus magistralement mis en scène jamais réalisé. Le plan-séquence dont il est question aujourd'hui est sans doute la scène la plus renversante du film : c'est une séquence de 3 minutes, sans coupures quelconques, ou Chow Yun-Fat et Tony Leung s'engagent dans une fusillade avec de nombreux opposants tout en dégommant joyeusement le décor... Cette séquence fut un challenge pour l'équipe d'un film : n'ayant qu'un seul étage utilisable pour tourner, les personnages, lorsqu'ils montent dans l'ascenseur pour aller un étage au-dessus, restent en réalité au même étage. Pendant les 30 secondes ou les portes sont fermées, les figurants doivent se relever, se mettre en position, et ce, pendant que l'équipe remet en état le décor, véritablement ravagé par le déchainement ultra-violent de coups de feu qui a eu lieu 20 secondes avant, et qui va se reproduire quelques secondes après à peine. Cette séquence demanda de très nombreuses prises, le dernier cascadeur ayant raté systématiquement sa cascade. John Woo voulait faire un plan-séquence deux fois plus long, mais, confronté à l'incapacité de son cascadeur à réussir sa cascade difficile, décida de le couper. En l'état, la scène reste plus qu'impressionnante, et propose un spectacle rarement égalé en termes d'action. On notera aussi quelques notes, au milieu de tous ces coups de feu, de la partition d'Alan Silvestri pour PREDATOR... Rien d'étonnant quand on sait que John Woo admire littéralement John McTiernan, ce qui est quelque peu ironique quand on sait que tous deux, de façon différente, révolutionnèrent le cinéma d'action contemporain à la même époque et laissèrent leur trace de manière définitive sur le cinéma. On finira en déclarant simplement qu'entre quelques coups de feu et explosions, Chow Yun-Fat et Tony Leung font une fois de plus preuve de grands talents d'acteur, et d'un charisme à toute épreuve (pardon). Sur ce, enjoy!

-CRITIQUE COMPLETE D'A TOUTE ÉPREUVE SUR ZE LORD OF THE RING-

-ZE RING-

9 avril 2013

WONG FEI-HUNG

Il était une fois en Chine[IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE - TSUI HARK - 1991]

Impossible de parler du cinéma hong-kongais sans jamais parler de Wong Fei-Hung. Sa renommée au cinéma est sans pareil et dépasse l'entendement. Il est le sujet de ni plus ni moins de 89 films, le premier datant de 1949 et le dernier de 2004. C'est un personnage absolument mythique, qui a été interprété par toute une foule d'acteurs et d'artistes martiaux, et dont la vie et les aventures ont été portées à l'écran par les plus grands réalisateurs de Hong Kong.  Au-delà de ça, c'est un personnage qui constitue lui-même un pan entier de la culture populaire chinoise, autour duquel tournent d'autres personnages mythiques de cette dernière, comme le boucher Lin Shi-Rong ou son père Wong Kei-Ying... Tous deux des figures également majeures du cinéma hong-kongais. Mais comme le dit si bien le commandant Jackson dans IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE premier du nom, "who is this Wong Fei-Hung? The devil?". Ce n'est certainement pas le diable, mais il reste un personnage important et crucial à l'histoire de l'industrie cinématographique hong-kongaise et mérite donc l'attention toute particulière de quiconque s'y intéréssant.

Wong Fei-Hung, seule photo connue[Seule photo connue de Wong Fei-Hung. C'est en fait un de ses fils lui ressemblant le plus.]

Wong Fei-Hung (9 Juillet 1848 - 25 Mars 1924), également connu sous le nom de Huang Fei-Hung, était un artiste martial chinois de grand renom, mais aussi un physicien, un acupunturiste, et un révolutionnaire. Il était un authentique en Hung-Gar (ou Hongjia). Et c'est davantage de là que vient sans doute sa renommée cinématographique, personne n'étant réellement capable de restituer ses accomplissements historiques. Ce n'est pas le but ici, de toutes façons. Le personnage me parait personnellement davantage intéréssant pour sa portée cinématographique énorme que pour son importance historique quelque peu limitée. On se contentera juste de dire qu'il était un véritable maître dans les domaines des arts martiaux et de la médecine, et qu'être le fils d'un autre grand artiste martial et physicien, Wong Kei-Ying, a particulièrement aidé et renforcé sa célébrité. De même, plusieurs de ses célèbres disciples, en particulier Lin Shi-Rong, ont participé largement à l'édification de son mythe. Il meurt de maladie en 1924, et très vite, il devient une part intégrante du folklore chinois. Pourtant, aucun film ne lui sera consacré jusqu'en 1949, date à laquelle STORY OF WONG FEI-HUNG est réalisé par Peng Hu. C'est une date d'autant plus importante qu'elle marque une des premières fois ou un authentique artiste martial sera engagé pour apparaître et jouer dans un film. Cet artiste martial, c'est bien évidemment l'illustre et le culte Kwan Tak-Hing, dont la grande majorité de ses films sur Wong Fei-Hung sont maintenant impossibles à voir. Ce dernier consacrera la quasi-intégralité de sa carrière à intérprêter Wong Fei-Hung, et pour cause : le personnage séduit littéralement le public hong-kongais, et chaque film sur ce dernier est un succès commercial et populaire immédiat. De grands réalisateurs hong-kongais, comme Tsui Hark, par exemple, admettront eux-mêmes avoir grandi avec les aventures de ce personnage. Certains iront même jusqu'a dire que ce dernier est à la base de leur passion pour le cinéma.

Wong Fei-Hung, Story of Wong Fei-Hung, Kwan Tak-Hing[KWAN TAK-HING - STORY OF WONG FEI-HUNG DE PENG HU - 1949]

A l'époque, Wong Fei-Hung est, selon les témoignages des personnes ayant pu voir les films, représenté comme un héros très noble, respectant la justice, et l'exercant et la rétablissant lorsque celle-ci est heurtée. C'est aussi un héros d'envergure de par sa maîtrise sans égal des arts martiaux, et dont la noblesse, la bonté et la valeur s'expriment notamment à travers sa connaissance de la médecine et l'acupuncture. Même lorsqu'il est confronté a ses pires ennemis, Wong Fei-Hung reste droit et juste, et parvient à utiliser à bon escient l'étendue de ses arts martiaux virtuoses pour vaincre ses ennemis sans jamais les tuer. Parfois, il va même jusqu'a vaincre & a blesser grièvement ses ennemis les plus redoutables pour les guérir, et les remettre sur le droit chemin, celui de la justice, dont Wong Fei-Hung est un ardent défenseur. Le personnage a alors tout pour conquérir le public hong-kongais de 1949, alors extrêmement conservateur, et particulièrement en phase avec les valeurs de vertu et de justice que le personnage fétiche de Kwan Tak-Hing incarne. Celui-ci sera le seul à interpréter Wong Fei-Hung jusque dans les années 70. Pendant près de 20 ans, ce dernier sera toujours représenté de la même façon : juste, droit, vertueux... Dès les premiers films de la série Wong Fei-Hung de Kwan Tak-Hing, qui se finit dans les années 70, période à laquelle il prend sa retraite et fonde une école d'arts martiaux, il devient immédiatement un personnage majeur de la culture populaire chinoise & hong-kongaise, mais qui aurait pu prédire à l'époque qu'il deviendrait aussi le personnage le plus représenté de l'histoire du cinéma hong-kongais? Entre 1949 et 1970, Kwan Tak-Hing tourne pas moins de 65 films sur Wong Fei-Hung. Il en sort plusieurs par an pendant tout ce temps, et, alors qu'il arrive vers la fin de sa vie à cette époque, celui-ci, inévitablement, devait s'arrêter d'interpréter le personnage ayant fait sa gloire.

Wong Fei-Hung, The Master of Kung-Fu, Ku Feng[KU FENG - THE MASTER OF KUNG-FU DE MENG HUA HO - 1973]

Entre 1970 et 1973, aucun film sur Wong Fei-Hong n'est réalisé. Étonnant compte tenu de la renommée du personnage. Cela ne pouvait pas durer, et en 1973, Meng Hua Ho réalise THE MASTER OF KUNG-FU, ou Ku Feng, un acteur fréquemment vu dans les films produits par la Shaw Brothers (qui produit d'ailleurs le film), interprète Wong Fei-Hung. En 1974, Fung Wong réalise RIVALS OF KUNG-FU avec Chung Tien Shih dans le rôle de l'inévitable Wong Fei-Hung. Les films sont difficiles à trouver, et il est donc difficile d'en parler, mais tout indique qu'ils ne déchainent pas l'enthousiasme des foules, davantage habitué au cultissime Kwan Tak-Hing dans le rôle de ce personnage mythique. Sa retraite ne durera pas, et en 1974, il tourne dans THE SKYHAWK de Chang-hwa Jeong, aux côtés de Sammo Hung. Le film n'est pas forcément indispensable : son rythme est mal géré, et le temps à sévi, mais il est intéréssant dans le sens où il marque un virage complètement inattendu dans le traitement du personnage. Ici, Wong Fei-Hung est lâche, peine à se convaincre à agir, et la mort d'un de ses disciples n'est pas suffisante pour que celui-ci décide de se battre pour rétablir la justice, enfreinte bien des fois dans ce film dont la grande force est également le plus gros problème... Avant tout, on veut voir Wong Fei-Hung se battre et faire étalage de ses talents martiaux, mais le film vaut largement le détour pour son approche subversive et transgressive d'un personnage pourtant abordé presque 70 fois par le passé sans jamais être le sujet de grandes innovations. THE SKYHAWK est également intéréssant dans le sens ou le personnage de Sammo Hung, Fei Fei, évoque inévitablement le personnage de Lin Shi-Rong par sa carrure et son poids.

Lin Shi-Rong, Le héros magnifique, Sammo Hung[SAMMO HUNG - LE HÉROS MAGNIFIQUE DE YUEN WOO-PING - 1979]

Lin Shi-Rong, photographie[PHOTOGRAPHIE DE LIN SHI-RONG]

Ce n'est pas vraiment un hasard, puisque celui-ci interprètera Lin Shi-Rong dans LE HÉROS MAGNIFIQUE de Yuen Woo-Ping en 1980. Considéré comme un des plus grands chefs d'oeuvres du Kung Fu Pian, le film est l'un des premiers à présenter ce personnage dans un rôle conséquent. Celui-ci, également connu sous le nom de Lam Sai-wing (1860 - 1943) était un boucher que Wong Fei-Hung prit sous sa tutelle. Au contact de celui-ci, il devint un expert en arts martiaux. Mais avant tout, il est celui qui a permis au mythe de son maître d'être adapté au cinéma : avec sa femme, ils propagèrent sa gloire et sa renommée jusqu'a Hong Kong après la mort de ce dernier en 1924. Inévitablement, les studios cinématographiques hong-kongais de l'époque se décidèrent à s'intéresser à la légende Wong Fei-Hung. Ils finirent par engager Kwan Tak-Hing en 1949 pour l'interpréter, et engagèrent même la femme du défunt Wong Fei-Hung comme une conseillère technique sur STORY OF WONG FEI-HUNG. Pour autant, Lin Shi-Rong (A.K.A Butcher Wing / Porky Wing) ne sera jamais représenté au cinéma jusqu'en 1974 dans RIVALS OF KUNG-FU. En 1979, Yuen Woo-Ping offre au personnage sa première apparition notable dans LE HÉROS MAGNIFIQUE, et Tsui Hark lui donna sa représentation la plus touchante dans son IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE en 1991. Bien qu'il soit un personnage connu et renommé de la culture populaire chinoise, Lin Shi-Rong est peu vu au cinéma, et IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE, LE HÉROS MAGNIFIQUE et DR WONG ET LES PIRATES (1994) restent ses représentations les plus connues. Bien qu'il ait une place plus importante dans LE HÉROS MAGNIFIQUE, beaucoup jugent que Kent Cheng, dans les IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE, livra l'interprétation la plus intéréssante et la plus touchante du personnage. Celui-ci reste utilisé néanmoins pour marquer un contraste important avec son maître Wong Fei-Hung : la ou celui-ci est calme et réfléchi, Lin Shi-Rong est impulsif et n'est par conséquent pas toujours en phase avec les voeux de son maître.

Lin Shi-Rong, Il était une fois en Chine, Kent Cheng[A gauche, YUEN BIAO dans le rôle de Leung Foon, et à droite, Kent Cheng dans le rôle de Lin Shi-Rong dans IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE (1991)]

Revenons-en à Wong Fei-Hung. A la fin des années 1970 et au début des années 1980, Kwan Tak-Hing interprète pour la dernière fois son personnage fétiche, dans LE HÉROS MAGNIFIQUE et LE TIGRE BLANC (1981) de Yuen Woo-Ping. Celui-ci, en 1978, avait révolutionné le mythe, alors en essoufflement, avec DRUNKEN MASTER (1978) avec Jackie Chan. Non content de propulser celui-ci au rang immédiat de superstar, il propose un regard sur Wong Fei-Hung à l'époque complètement inattendu et subversif, témoignant d'une volonté de subvertir le cinéma hong-kongais et de le révolutionner en innovant constamment. Dans DRUNKEN MASTER, Jackie Chan interprète un Wong Fei-Hung alors dans ses jeunes années : il est irrespectueux, enchaine les gaffes et apparaît à bien des moments comme complètement débile... Mais surtout, le pari osé vient de l'innovation principale du film. Wong Fei-Hung, dans celui-ci, doit apprendre la boxe de l'homme ivre afin d'arrêter un assassin, toujours dans un souci de justice, notez. Ainsi, à terme, il tire sa force de la quantité d'alcool qu'il ingère. Impossible de ne pas voir la subversion ici, et si Yuen Woo-Ping ne va pas jusqu'à transformer le mythe en poivrot ambulant, le film, en plus d'être excellent, propose un regard tranchant largement avec la vision traditionnelle du personnage offerte par les films de Kwan Tak-Hing et renouvelle le mythe en profondeur. Au-delà de ça, le film prend aussi le parti risqué de faire de Wong Fei-Hung un personnage de comédie, aux gaffes et aux comportements relevant purement et simplement burlesque, dans une démarche bien propre aux oeuvres futures du vénérable Jackie Chan. DRUNKEN MASTER est un énorme succès à son époque, et il relance, dans une moindre mesure, l'intérêt des hong-kongais pour le mythe Wong Fei-Hung, alors que tout à l'époque laissait présager que celui-ci était cinématographiquement mort et enterré. Faux. En réalité, ses plus belles heures et ses plus beaux films sont encore à venir.

Wong Fei-Hung, Drunken Master, Jackie Chan[JACKIE CHAN - DRUNKEN MASTER DE YUEN WOO-PING - 1978]

Wong Fei-Hung, Le héros magnifique, Kwan Tak-Hing[KWAN TAK-HING - LE HÉROS MAGNIFIQUE DE YUEN WOO-PING - 1979]

Si en 1981, le grand Liu Chia-Liang s'empare pour la deuxième fois du mythe de Wong Fei-Hung avec MARTIAL CLUB (après l'avoir abordé en 1976 avec LE COMBAT DES MAÎTRES), ou Gordon Liu tient le rôle principal, c'est en 1991 que le personnage connaît un véritable renouveau. C'est à cette date charnière que Tsui Hark réalise un de ses chefs d'oeuvres, IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE, qui révolutionna quasiment intégralement l'industrie cinématographique hong-kongaise, et plaça son studio de production, le FILM WORKSHOP, au sommet de celle-ci. Tout en revenant aux origines du personnage, c'est-à-dire son attachement particulier à la justice, il y ajoute une épaisseur politique et sociale, en prenant en compte réellement ses accomplissements historiques. Le film, très nationaliste, montre l'évolution de la Chine des années 1870 au travers du personnage de Wong Fei-Hung, qui ne peut se résoudre à évoluer en même temps que son pays à la façon des occidentaux, et en même temps, combat ouvertement l'oppression et les traités inégaux imposés aux chinois par ces derniers, avec notamment l'aide d'une milice, dont l'illustre Lin Shi-Rong fait partie. Tsui Hark ouvre Wong Fei-Hung sur le monde, à tous les niveaux. S'il est bel et bien le personnage principal du film, son amie occidentalisée, Tante Yee, interprétée par la magnifique Rosamund Kwan, offre au personnage une dimension sociale très profonde : le contraste prononcé entre ses deux personnages et l'intimité de leur relation, presque amoureuse dès le premier film, montre clairement la nécessité pour la Chine de s'adapter au progrès du monde occidental pour ne pas être en retard par rapport à celui-ci, mais aussi le besoin de pardonner aux occidentaux des années d'exploitation et de colonisation injuste. Si certains ne manqueront pas de qualifier le film de xénophobe, en réalité, il donne une vision très nationaliste du problème, et va donc en ce sens plus loin que le personnage de Wong Fei-Hung, ici avant tout un véhicule aux thèses socio-politiques d'un Tsui Hark au sommet de sa forme. IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE est aussi une date importante dans le sens ou il marque la première fois que Jet Li interprète le rôle. Celui-ci deviendra très vite le deuxième acteur, juste derrière, à avoir le plus interprété Wong Fei-Hung, avec pas moins de 5 films sur le personnage à son actif. Celui-ci est en grande partie responsable du succès à l'étranger de Wong Fei-Hung. Celui-ci est de loin le meilleur interprète du personnage, et il a donné un visage très charismatique en Occident à un mythe oriental qui y était alors peu connu. Qu'on le veuille ou non, la popularité du personnage en Occident, si elle reste limitée, demeure entièrement due a Jet Li et à son travail sur le personnage (c'est d'ailleurs sans aucun doute son meilleur rôle).

Wong Fei-Hung, Il était une fois en Chine, Jet Li 2[JET LI - IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE - TSUI HARK - 1991]

Wong Fei-Hung, Il était une fois en Chine II, Jet Li 2[JET LI - IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE II - TSUI HARK - 1992]

Après le succès monumental du premier IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE, Tsui Hark et Jet Li remettent le couvert en 1992 avec IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE II : LA SECTE DU LOTUS BLANC. Celui-ci est sans aucun doute le meilleur film sur Wong Fei-Hung. C'est un chef d'oeuvre épique, crépusculaire et complètement bouleversant qui permet au personnage d'entrer en Occident dans la légende. Par ailleurs, celui-ci marque une avancée majeure dans le parcours et l'histoire cinématographique de Wong Fei-Hung, puisque, pour une des premières fois, voire la première fois, on y voit ce dernier tuer à plusieurs reprises. Bien sur, ses actions sont toujours motivées par une grande soif de justice et par la vertu, mais elles tranchent complètement avec les actions habituelles du personnage, notamment celles montrées dans les films de Kwan Tak-Hing. En 1993, Tsui Hark pousse avec IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE III : LE TOURNOI DU LION le vice encore plus loin, en exposant pour la première fois la relation qu'entretient Wong Fei-Hung avec son illustre père Wong Kei-Ying, dont c'est la première apparition majeure à l'écran. Néanmoins, il demeure un personnage secondaire et son importance dans le récit reste limitée... Qu'a cela ne tienne, la même année, Tsui Hark produit IRON MONKEY de Yuen Woo-Ping, ou l'enfance de Wong Fei-Hung nous est montrée. Celui-ci est, pour une fois, en second plan par rapport à son père, véritable vedette du film, héros noble et vaillant qui, pour exercer la justice, va jusqu'a enfreindre les lois. C'est à ce jour l'apparition de Wong Kei-Ying la plus notable, et Donnie Yen donne au personnage une épaisseur et une profondeur déjà bien appuyée par le scénario.

Wong Kei-Ying, Il était une fois en Chine 3, Shun Lau[SHUN LAU DANS LE RÔLE DE WONG KEI-YING - IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE III - TSUI HARK - 1993]

Wong Kei-Ying, Iron Monkey, Donnie Yen 2[DONNIE YEN DANS LE RÔLE DE WONG KEI-YING - IRON MONKEY - YUEN WOO-PING - 1993]

Wong Fei-Hung, Iron Monkey, Tsang Sze-Man[LA JEUNE TSANG SZE-MAN DANS LE RÔLE DE WONG FEI-HUNG - IRON MONKEY - YUEN WOO-PING - 1993]

Wong Kei-Ying, portrait[PORTRAIT DE WONG KEI-YING]

La démarche de Tsui Hark et Yuen Woo-Ping derrière IRON MONKEY semble simple : renouveler le mythe de Wong Fei-Hung tout en remettant au gout du jour la popularité de Wong Kei-Ying, souvent éclipsé par la popularité sans précédent de son fils. Dans IRON MONKEY, c'est celui-ci qui est le plus mis en avant, et c'est ses rapports avec le voleur Iron Monkey qui l'amèneront à accepter et exercer les valeurs de justice et d'équité, quitte à aller au-delà des lois, qu'il enseignera à son fils (selon les films) qui sont au centre du film. Wong Fei-Hung est également renouvelé dans le sens ou Tsui Hark et Yuen Woo-Ping amènent ce dernier dans une direction similaire à celle explorée par Yuen Woo-Ping avec DRUNKEN MASTER. Wong Fei-Hung y est immature, et si on échappe à l'aspect comique évident du film avec Jackie Chan, le film se pose néanmoins comme un voyage initiatique pour ce dernier, un voyage initiatique dirigé par deux mentors : Wong Kei-Ying, bien évidemment, mais aussi Iron Monkey, voleur quelque peu similaire à Robin des bois, qui vole aux plus riches pour donner aux plus pauvres, et qui, selon Tsui Hark et Yuen Woo-Ping, aidera Wong Fei-Hung à parfaire son art, à dépasser ses capacités et à comprendre plus aisément les valeurs importantes mais floues que sont la justice et la vertu. Alors que Wong Fei-Hung et Wong Kei-Ying appliquent de plus en plus la justice tout en s'aventurant de plus en plus sur le chemin de l'illégalité, IRON MONKEY s'annonce comme une oeuvre subversive et transgressive de plus, qui apporte une facette supplémentaire aux deux personnages et ignore absolument tous les codes imposés par les autres films les concernant. En 1993, le mythe Wong Fei-Hung à, depuis 1990, été constamment revisité de manière subversive, mais malheureusement, cette tendance commence à s'essouffler. Après IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE III, Jet Li et Tsui Hark se brouillent, et c'est Chiu-Man Cheuk qui prend la relève et incarne Wong Fei-Hung. Son succès n'est que modéré, Jet Li lui étant largement supérieur dans ce rôle-là.

Iron Monkey, un mentor pour Wong Fei-Hung selon Tsui Hark 2[RONG GUANG YU DANS LE RÔLE D'IRON MONKEY - IRON MONKEY - YUEN WOO-PING - 1993]

Wong Fei-Hung, Claws of steel, Jet Li[JET LI - CLAWS OF STEEL - JING WONG - 1993]

En 1993, Jet Li tourne sa dernière incursion dans l'univers de Wong Fei-Hong : CLAWS OF STEEL de Jing Wong. Celui-ci prend le parti de la comédie burlesque, et Wong Fei-Hung y serait montré comme un personnage pas franchement très brillant, puisqu'il ouvre, sans le savoir, une école d'arts martiaux à côté d'un bordel. C'est néanmoins un film mineur, et son influence sur le mythe est limité. Wong Fei-Hung est alors sur la fin, mais, malgré cela, Liu Chia-Liang et Jackie Chan tournent en 1994 une des plus grandes Kung-Fu comedies de tous les temps et une des oeuvres sur le personnage les plus réussies : DRUNKEN MASTER II. Celui-ci rejoint la direction entreprise par le premier DRUNKEN MASTER : Jackie Chan y interprète un Wong Fei-Hung indiscipliné, un peu bête, et qui semble joyeusement apprécier l'alcool, mais à cette vision subversive du personnage se rajoute son rapport avec son père, Wong Kei-Ying, qui l'est tout autant. DRUNKEN MASTER II, par rapport au premier opus, ne renouvelle pas le mythe de Wong Fei-Hung, mais il renouvelle complètement celui de Wong Kei-Ying en le montrant comme un père trop dur, qui ne comprend de toute évidence pas les motivations de son fils (qui sont d'empêcher des étrangers de priver les chinois de leur culture), ni ses raisons pour lesquelles il boit et utilise la boxe de l'homme ivre, et se montre parfois véritablement affreux à son égard. Très vite, la relation Wong Fei-Hung - Wong Kei-Ying devient le centre du film, et il donne lieu à des scènes hilarantes comme à des scènes touchantes et émouvantes. Une chose est sure : DRUNKEN MASTER II, avec IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE II, est le meilleur film sur Wong Fei-Hung, mais il est aussi intéréssant dans le sens ou, avec IRON MONKEY, il révèle un aspect important de la culture chinoise : leur rapport à la paternité. Dans l'un, Wong Kei-Ying transmet à Wong Fei-Hung ses savoirs, dans l'autre, celui-ci, brillament interprété par Ti Lung, lui transmet la responsabilité de son honneur & de celui de son école. Il y a une question d'héritage constante dans la culture chinoise que montre brillamment le mythe Wong Fei-Hong, ce que le rôle de Lin Shi-Rong dans l'histoire de Wong Fei-Hung prouve une fois de plus. Au décès de celui-ci, Shi-Rong transmet son mythe et sa légende et permet l'adaptation de ses aventures en films et, par la même, crée le mythe tel qu'on le connait. Au travers de sa "carrière" cinématographique, Wong Fei-Hung à transmis au public chinois comme au public occidental, une vision très patriarchique de la société chinoise, et lorsque son rapport avec son père n'est pas mis en évidence, c'est le rapport entre Wong Fei-Hung, le "sifu" (le maître) avec ses disciples, qui est mis en avant.

Wong Fei-Hung, Drunken Master II, Jackie Chan[JACKIE CHAN - DRUNKEN MASTER II - LIU CHIA-LIANG - 1994]

Malgré le succès incroyable de DRUNKEN MASTER II, le mythe Wong Fei-Hung finit par s'essouffler. IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE 5 & 6 ne parviennent pas à relancer le film. Un DRUNKEN MASTER III sera réalisé par Liu Chia-Liang, mais c'est un échec. Le personnage sera interprété pour la dernière fois en 2004 par Sammo Hung dans le désastreux LE TOUR DU MONDE EN 80 JOURS. Avec ce film, c'est 55 ans d'évolution cinématographique qui se terminent pour Wong Fei-Hung. Celui aura évolué au travers les années, pour passer du héros traditionnel et classique interprété par Kwan Tak-Hing à des visions plus subversives, comme celle offerte par Yuen Woo-Ping dans DRUNKEN MASTER ou par Tsui Hark dans IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE. Cette évolution témoigne d'ailleurs de l'importance du personnage à l'échelle du cinéma hong-kongais : les deux sont inséparables, et si l'un s'essouffle, l'autre s'essouffle. Si l'un connait le succès, alors l'autre aussi. Dès lors, il devient évident que le cinéma hong-kongais s'est à ce jour complètement essoufflé et n'est pas encore parvenu à redémarrer pour connaître sa gloire d'antan, ou on prenait des mythes aussi divers bien que liés tels que ceux de Wong Fei-Hung, Wong Kei-Ying ou Lin Shi-Rong pour jouer sur les codes, dynamiter les règles du cinéma et déconstruire les genres. C'est une époque finie. Néanmoins, malgré cela, Wong Fei-Hung reste une figure importante dans l'esprit de beaucoup de monde, notamment en Chine, ou le personnage jouit toujours d'une grande renommée, et il est fort probable qu'on voie un jour de nouvelles adaptations au cinéma de ses aventures... Seulement, que rajouter au mythe? Après les expérimentations narratives entreprises par Jackie Chan, Liu Chia-Liang, Yuen Woo-Ping, Tsui Hark, et tant d'autres, qu'y a t-il d'autre à montrer? Quelle autre façette inconnue au public du personnage est-ce que le cinéma peut dévoiler? Et finalement, est-ce que l'essoufflement du personnage et du cinéma HK en général est-il toujours lié? Tellement de choses ont été faites par rapport à Wong Fei-Hung qu'on en arrive au point ou le mythe à touché les confins de l'imagination, et il est fort probable qu'il n'y ait en réalité plus rien à dire ou à montrer. Mais je ne crois pas en cette théorie. Le cinéma évolue, les standards changent, et l'imagination ne se développe que par rapport à l'état de ceux-ci. Un jour, un nouveau génie remettra au gout du jour de manière complètement inattendue le mythe de Wong Fei-Hung et révolutionnera le cinéma hong-kongais une nouvelle fois. Mais quand et qui? Faut voir. En l'état, avec 89 films à son actif, le mythe de Wong Fei-Hung reste immortalisé à jamais, et les fans du cinéma hong-kongais ont encore de quoi faire et des choses à voir dans sa longue "filmographie".

Wong Fei-Hung et Wong Kei-Ying, Iron Monkey, Tsang Sze-Man et Donnie Yen[WONG FEI-HUNG (TSANG SZE-MAN) ET WONG KEI-YING (DONNIE YEN) - IRON MONKEY - YUEN WOO-PING - 1993]

LES FILMS SUR WONG FEI-HUNG :

-LE TOUR DU MONDE EN 80 JOURS, FRANK CORACI, 2004 (SAMMO HUNG)
-IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE 6 : DR WONG EN AMÉRIQUE, TSUI HARK, 1997 (JET LI)
-IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE 5 : DR WONG CONTRE LES PIRATES, SAMMO HUNG, 1994 (CHIU-MAN CHEUK)
-DRUNKEN MASTER III, LIU CHIA-LIANG, 1994 (WILLIE CHI)
-DRUNKEN MASTER II, LIU CHIA-LIANG, 1994 (JACKIE CHAN)
-FIST OF THE RED DRAGON, YUEN WOO-PING, 1993 (YUK WONG)
-IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE 4 : LA DANSE DU DRAGON, BUN YUEN, 1993 (BUN YUEN)
-MASTER WONG VS. MASTER WONG, LIK CHI-LEE, 1993 (ALAN TAM)
-CLAWS OF STEEL, JING WONG, 1993 (JET LI)
-IRON MONKEY, YUEN WOO-PING, 1993 (TSANG SZE-MAN)

-IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE 3 : LE TOURNOI DU LION, TSUI HARK, 1993 (JET LI)
-FIST FROM SHAOLIN, KWOK WAI-LO, 1993 (KWAN WONG)
-GREAT HERO FROM CHINA, JANG LEE HWANG, 1992 (KAR LOK CHIN)
-ONCE UPON A TIME A HERO IN CHINA, LIK CHI-LEE, 1992 (ALAN TAM)
-IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE 2 : LA SECTE DU LOTUS BLANC, TSUI HARK, 1992 (JET LI)
-IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE, TSUI HARK, 1991 (JET LI)
-MARTIAL CLUB, LIU CHIA-LIANG, 1981 (GORDON LIU)
-LE TIGRE BLANC, YUEN WOO-PING, 1981 (KWAN TAK-HING)
-THE MAGNIFICENT KICK, DARVE LAU, 1980 (KWAN TAK-HING)
-LE HÉROS MAGNIFIQUE, YUEN WOO-PING, 1980 (KWAN TAK-HING)
-DRUNKEN MASTER, YUEN WOO-PING, 1978 (JACKIE CHAN)
-LE COMBAT DES MAÎTRES, LIU CHIA-LIANG, 1976 (GORDON LIU)
-RIVALS OF KUNG-FU, FUNG WONG, 1974 (CHUNG TIEN SHIH)
-THE SKYHAWK, CHANG HWA-JEONG, 1974 (KWAN TAK-HING)
-THE MASTER OF KUNG-FU, MENG HUA HO, 1981 (KU FENG)
-WONG FEI-HUNG BRAVELY CRUSHING THE FIRE FORMATION, KEI LAW, 1970 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG : THE CONQUEROR OF SAM-HONG GAN, FUNG WONG, 1969 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG ZUI DA BA JIN GANG, FUNG WONG, 1968 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG : THE INVINCIBLE LION DANCER, FUNG WONG, 1968 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG MEETING THE HEROES WITH THE TIGER PAW, INCONNU, 1967 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG SMASHED THE FIVE TIGERS, INCONNU, 1961 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG'S COMBAT IN THE BOXING RING, LING LO, 1960 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG'S BATTLE WITH THE GORILLA, INCONNU, 1960 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG ON RAINBOW BRIDGE, INCONNU, 1959 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG DEFEATED THE TIGER ON THE OPERA STAGE, INCONNU, 1959 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG WAS TRAPPED IN THE DARK INFERNO, INCONNU, 1959 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG AND HIS WIFE CONQUERED THE THREE RASCALS, PENGNIAN REN, 1958 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG'S FIERCE BATTLE, PENG HU, 1959 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG ERASED THE GOLDEN BELL TRAP, INCONNU, 1958 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG'S BATTLE WITH THE BULLIES IN THE BOXING RING, INCONNU, 1958 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG SAVED THE BRIDE AT XIGUAN, INCONNU, 1958 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG SAVED LIANG KUAN FROM THE TIGER'S CAVE, INCONNU, 1958 (KWAN TAK-HING)

-WONG FEI HUNG'S VICTORY AT MA VILLAGE, INCONNU, 1958 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI HUNG STORMED PHOENIX HILL, INCONNU, 1958 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG USED AN IRON FOWL AGAINST THE EAGLE, INCONNU, 1958 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG CONQUERED THE TWO DRAGONS WITH THE FIVE SNAKES, INCONNU, 1958 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI HUNG'S KING LION WINS THE CHAMPIONSHIP, PENG HU, 1957 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI HUNG'S FIGHT AT HENAN, PENG HU, 1957 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI HUNG'S THREE BATTLES WITH THE UNRULY GIRL, INCONNU, 1957 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG FOUGHT A BLOODY BATTLE IN THE SPINSTER'S HOME, INCONNU, 1957 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG SPIED ON BLACK DRAGON HILL AT NIGHT, INCONNU, 1957 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG SMASHED THE FLYING DAGGER, INCONNU, 1957 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI HUNG : DUEL OF THE TWO DRAGONS FOR THE PEARL, INCONNU, 1957 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI HUNG AND THE BATTLE OF SADDLE HILL, INCONNU, 1957 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI HUNG GOES TO A BIRTHDAY PARTY AT GUANSHAN, PENG HU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI HUNG'S VICTORY AT XIAO-BEIJIANG, PENG HU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG VANQUISHED THE TERRIBLE HOUND AT SHAMIAN, TIAN LIN-WANG, 1956 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG PITTED A LION AGAINST THE UNICORN, INCONNU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG THRICE TRICKED THE GIRL BODYGUARD, INCONNU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG AT A BOXING MATCH, INCONNU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG VANQUISHED THE TWELVE TIGERS, INCONNU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG'S FIGHT AT FOSHAN, INCONNU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG VANQUISHED THE BULLY AT THE RED OPERA FLOAT, INCONNU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG SAVED THE LOVELORN MONK FROM THE ANCIENT MONASTERY, INCONNU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG PITTED 7 LIONS AGAINST THE DRAGON, INCONNU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG ATTENDS THE JOSS-STICK FESTIVAL AT HEAVENLY GODDESS TEMPLE, INCONNU, 1956 (KWAN TAK-HING)

-WONG FEI-HUNG WINS THE DRAGON BOAT RACE, INCONNU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG'S VENGEANCE AT QUANYINSHAN, PENG HU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG RESCUES THE FISHMONGER, INCONNU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG CONQUERED THE TWO TIGERS, INCONNU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG THRICE CAPTURED SU SHULIAN IN THE WATER, INCONNU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG FOUGHT 5 DRAGONS SINGLE-HANDED, INCONNU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG : THE IRON ROOSTER VS. THE CENTIPEDE, INCONNU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG'S SEVEN BATTLES WITH THE FIERY UNICORN, INCONNU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG AND THE COURTESAN'S BOAT ARGUMENT, INCONNU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG SET FIRE TO DA-SHA-TOU, INCONNU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG AND THE LANTERN FESTIVAL DISTURBANCE, INCONNU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG'S BATTLE AT SHUANGMEN-DI, INCONNU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG VANQUISHED THE BULLY AT LONG DIKE, PENG HU, 1956 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG VIED FOR THE FIRECRACKERS AT HUADI, INCONNU, 1955 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG'S VICTORY AT FOURTH GATE, INCONNU, 1955 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG TRIES HIS SHADOWLESS KICK, INCONNU, 1954 (KWAN TAK-HING)
-DUEL WITH WONG FEI-HUNG, PENG HU, 1953 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG'S BLOOD BATTLE IN FURONG ALLEY, INCONNU, 1952 (KWAN TAK-HING)
-WONG FEI-HUNG'S BATTLE AT LIU-HUA BRIDGE, INCONNU, 1950 (KWAN TAK-HING)
-STORY OF WONG FEI-HUNG PART 2, PENG HU, 1949 (KWAN TAK-HING)
-STORY OF WONG FEI-HUNG, PENG HU, 1949 (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG REPEALED THE CASE OF THE WRONGLY ACCUSED, INCONNU, ??? (KWAN TAK-HING)
-HOW WONG FEI-HUNG RESCUED THE ORPHAN FROM THE TIGER'S DEN, INCONNU, ??? (KWAN TAK-HING)

Wong Fei-Hung, Drunken Master II, Jackie Chan 3[JACKIE CHAN - DRUNKEN MASTER II ,YUEN WOO-PING, 1994]

LES FILMS SUR WONG KEI-YING

-DRUNKEN MASTER III, LIU CHIA-LIANG, 1994 (ADAM CHENG)
-DRUNKEN MASTER II, LIU CHIA-LIANG, 1994 (TI LUNG)
-IRON MONKEY, YUEN WOO-PING, 1993 (DONNIE YEN)
-IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE 4 : LA DANSE DU DRAGON, BUN YUEN, 1993 (SHUN LAU)
-IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE 3 : LE TOURNOI DU LION, TSUI HARK, 1993 (SHUN LAU)
-MARTIAL CLUB, LIU CHIA-LIANG, 1981 (KU FENG)
-LE COMBAT DES MAÎTRES, LIU CHIA-LIANG, 1976 (YANG CHIANG)

Wong Kei-Ying, Iron Monkey, Donnie Yen[DONNIE YEN - IRON MONKEY, YUEN WOO-PING, 1993]

LES FILMS SUR LIN SHI-RONG

-IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE 5 : DR WONG CONTRE LES PIRATES, SAMMO HUNG, 1994 (KENT CHENG)
-MASTER WONG VS. MASTER WONG, LIK-CHI LEE, 1993 (ERIC TSANG)
-ONCE UPON A TIME A HERO IN CHINA, LIK-CHI LEE, 1992 (ERIC TSANG)
-IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE, TSUI HARK, 1991 (KENT CHENG)
-LE HÉROS MAGNIFIQUE, YUEN WOO-PING, 1979 (SAMMO HUNG)
-RIVALS OF KUNG-FU, FUNG WONG, 1974 (CHUNG-HSIN TUNG)

Lin Shi-Rong, Il était une fois en Chine, Kent Cheng 2[A gauche, YUEN BIAO dans le rôle de Leung Foon, et à droite, Kent Cheng dans le rôle de Lin Shi-Rong dans IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE (1991)]

-ZE RING-

FIN[JACKIE CHAN - DRUNKEN MASTER II, LIU CHIA-LIANG, 1994]

8 avril 2013

UN PEU DE "GHOST KUNG-FU COMEDY"

Ghost Kung Fu Comedy 1[PEDICAB DRIVER - SAMMO HUNG - 1989]

En Décembre dernier, j'ai eu l'occasion de voir mon premier Sammo Hung : PEDICAB DRIVER. Celui-ci est à ce jour complètement indisponible en DVD, comme en Blu-Ray, et le seul moyen de le voir est de le regarder sur youtube, dans une copie plus ou moins nette mais recadrée et qui ne fait jamais honneur au film du grand Sammo. Celui-ci est en effet un pur chef d'oeuvre, et ce, sur tous les points. C'est une petite perle qui dynamite les codes des genres qu'elle exploite, comme de nombreux films hong-kongais d'ailleurs, pour les renouveler, innover et proposer un spectacle inhabituel. PEDICAB DRIVER l'est assurémment, mais c'est aussi et surtout un film bouleversant, spectaculaire et surprenant qui, en dépit des défauts évidents de son support technique, s'impose comme une véritable baffe cinématographique. Bref, tout ça donne envie de continuer à explorer la filmographie du grand Sammo Hung, mais par où commencer? PRODIGAL SON, réalisé en 1981, est supposé avoir révolutionné le Kung-Fu Pian (pian = film, je pense que je n'ai pas besoin de vous dire ce que signifie kung-fu). DRAGONS FOREVER (1988) est considéré comme un des meilleurs films d'arts martiaux de tous les temps. Beaucoup font l'éloge de son BLADE OF FURY (1993) ou de MEALS ON WHEELS (1984). Enfin, L'EXORCISTE CHINOIS (1980) est également un film culte, bien qu'oublié, qui à imposé à Hong Kong, à sa sortie, un genre novateur et authentiquement nouveau : la Ghost Kung-Fu Comedy.

38[L'EXORCISTE CHINOIS - SAMMO HUNG - 1980]

C'est finalement vers celui-ci que je me suis orienté. Sa réputation m'intriguait depuis un moment, et le film est d'une importance cruciale. Le public hong-kongais est en effet à l'époque très conservateur, et un mélange des genres aussi farfelu que celui proposé par la Ghost Kung-Fu Comedy posait le grand risque d'un échec commercial ravageur. Malgré cela, c'est un film qui a eu un succès monumental à Hong Kong, et qui a fondé une mode autour du genre, qui mélange judicieusement humour, kung-fu et fantastique. Parmi les films surfant sur cette mode, on compte L'EXORCISTE CHINOIS 2 de Ricky Lau, qui, s'il est de toute évidence inférieur au premier, m'a néanmoins convaincu grâce à sa mise en scène de qualité et à sa capacité à proposer un excellent divertissement, même s'il n'apporte rien, malheureusement, au film de Sammo Hung. Cela à piqué ma curiosité, puisque Ricky Lau est réputé pour avoir réalisé les films les plus cultes et représentatifs de la Ghost Kung-Fu Comedy : la saga MISTER VAMPIRE. Celle-ci, composée de MISTER VAMPIRE (1985), LE RETOUR DE MISTER VAMPIRE (1986), MISTER VAMPIRE ET LES DÉMONS DE L'ENFER (1987) et LA FIN DE MISTER VAMPIRE (1988), est, selon beaucoup d'experts, un indispensable absolu et le sommet de la gloire de ce genre farfelu. Celle-ci étant disponible en France depuis des années dans son intégralité dans un magnifique coffret édité par HK VIDEO (une excellente boite d'édition, dont je ne dirai jamais assez de bien), par ailleurs pas très cher, je me suis empressé de le commander.

76[L'EXORCISTE CHINOIS - SAMMO HUNG - 1980]

Je suis moi-même surpris d'avoir commandé ce coffret, alors que pendant des mois, je l'ai évité, pensant que les films qu'il contenait étaient nuls et kitsch... Au-delà de la réputation des films, et de la présence du grand Lam Ching-Ying au casting des quatre films, j'ai été largement convaincu par le fait que sous ses dehors kitsch, la saga MISTER VAMPIRE était probablement, comme beaucoup de films hong-kongais de la même époque, et comme la plupart des oeuvres réalisées/produites par Sammo Hung, un pur exercice de déconstruction des codes, un apport sans doute considérable au cinéma populaire. Si je n'ai pas encore eu l'occasion de vérifier cette théorie, ça ne saurait guère tarder, et la bande-annonce concoctée par HK VIDEO pour promouvoir leurs DVD des films me renforce dans cette impression... Peu importe, j'ai hâte, d'autant plus que Ricky Lau m'a beaucoup surpris avec L'EXORCISTE CHINOIS 2, qui dispose d'une mise en scène d'excellente facture et délivre à chaque instant la marchandise attendue d'un film de ce genre. Si je ne m'attends absolument pas à des chefs d'oeuvres, je suis certain, néanmoins, que cette saga MISTER VAMPIRE remplira largement son contrat, et je suis maintenant convaincu qu'il s'agit de bons, voire de très bons films. Quoiqu'il en soit, j'ai hâte de voir ça. Vous connaissez?

Mr vampire
-CRITIQUE COMPLETE DE L'EXORCISTE CHINOIS SUR ZE LORD OF THE RING-

A VOIR AUSSI :
-LA BANDE-ANNONCE DE MISTER VAMPIRE-
-LA BANDE-ANNONCE DE L'EXORCISTE CHINOIS-
-LA BANDE-ANNONCE DE PEDICAB DRIVER-

-ZE RING-

8 avril 2013

POURQUOI "HONG KONG MADNESS"?

15[THE BLADE - TSUI HARK - 1995]

Bonjour à tous et à toutes.

Certains d'entre vous me connaissent sans doute déjà : je suis ZE RING, et j'ai tenu pendant plusieurs années un blog nommé ZE LORD OF THE RING, sur lequel j'ai chroniqué bon nombre de films d'origines et d'époques diverses. Récemment, néanmoins, c'est le cinéma hong-kongais qui s'est emparé de la place d'honneur sur ce dernier, succédant ainsi au cinéma d'exploitation italien, au western, au cinéma japonais des années 80-90, et au nouveau cinéma américain des années 60-70. Pour ceux qui ne me connaissent pas, vous l'aurez compris : mes gouts sont variés, et je suis quelqu'un de très spontané, et mes orientations cinématographiques, en matière de genre, de provenance... changent fréquemment et inévitablement.
Mais s'il y a bien un cinéma particulier auquel je suis depuis toujours particulièrement attaché, c'est le cinéma hong-kongais. Pour poser les choses clairement, ma passion pour le cinéma n'est égalée que par ma passion pour le cinéma hong-kongais. Alors que mon blog devenait littéralement possédé par ce dernier, et par mon envie de le diffuser et de le faire mieux connaître, il devenait inévitable qu'un jour j'en vienne à créer un blog uniquement consacré au cinéma hong-kongais... HONG KONG MADNESS, en somme, c'est ça. Il n'y a pas de meilleur moyen de le résumer. Je suis un critique amateur qui cherche simplement à extérioriser sa passion, et si, en faisant cela, je peux inciter quelques personnes à s'intéresser à des oeuvres hong-kongaises méconnues mais de grande qualité, alors mes objectifs auront largement été atteints.
Bien sur, l'objectif de ce blog n'est pas limité à cela, et il a autant pour but de vous faire découvrir des films méconnus de l'ancienne colonie britannique que d'en faire découvrir au(x) rédacteur(s) de ce blog. C'est l'échange qui est recherché avant tout ici. Des discussions, des débâts seront attendus et, en ce qui me concerne, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour les engendrer. Je ne suis pas un expert sur le cinéma hong-kongais, et je suis encore loin de pouvoir me vanter d'en être un, et en ce sens, beaucoup d'entre vous en savent sans doute autant que moi sur celui-ci. Pour autant, ce qui m'intéresse avec ce blog, c'est aussi de pouvoir exposer de véritables faits d'histoire de l'industrie cinématographique hong-kongaise, d'en étudier les enjeux, les tenants et les aboutissants, de voir comment elle se compare et reflète la réalité sociale d'Hong Kong et de la Chine... Bref, de l'étudier en profondeur pour pouvoir mieux la comprendre, et si je peux le faire avec vous, chers lecteurs, alors tant mieux.
Ainsi, vous trouverez sur ce blog de nombreuses critiques de films hong-kongais (ou d'autres films asiatiques, par moments), ainsi que des galeries d'images pour la plupart de ceux-ci, mais aussi des informations intéréssantes sur les personnes qui ont fait la gloire de ce cinéma magnifique, sur la façon dont leurs films étaient et sont produits, et bien d'autres choses encore... Pour autant, le but n'est pas de faire étalage d'une culture cinématographique différente, de s'imposer en expert ou en marginal, mais bien d'échanger, et par conséquent, vous trouverez ici autant d'oeuvres hong-kongaises connues mondialement, comme THE KILLER de John Woo, que d'oeuvres complètement inconnues et oubliées, le plus souvent de manière injuste, d'ailleurs. Vous ne trouverez ici que peu de critiques négatives, car mon but n'est pas de déconseiller, mais de conseiller, d'amener vers des découvertes constructives et des coups de coeur potentiels.

14[LE BRAS ARMÉ DE LA LOI - JOHNNY MAK - 1984]

Tout cela n'explique cependant pas la raison pour laquelle j'ai créé ce nouveau blog dans l'unique but de traiter du cinéma hong-kongais en détail. J'aurais en effet très bien pu le faire sur mon ancien blog. La raison est simple : si le cinéma hong-kongais est en partie connu et renommé mondialement, grâce à de grands artistes comme Tsui Hark, John Woo ou Jackie Chan, d'autres sont injustement oubliés voire ignorés, et ne disposent parfois même pas d'éditions DVD en Occident. Si le cinéma hong-kongais à ses fans, il reste considéré la plupart du temps comme du sous-cinéma, ce qui est faux en plus d'être réducteur. Il y a selon moi un vrai oubli collectif vis-à-vis du cinéma hong-kongais, qui m'exaspère d'autant plus que celui-ci correspond exactement à ma sensibilité, et est selon moi ce qui s'est fait de mieux d'un point de vue cinématographique. Rien ne le surpasse à mon sens, et par conséquent, le mélanger à des oeuvres d'exploitation italiennes, japonaises, à des films mondialement connus comme CASINO, ne semblait pas correspondre à ma démarche. Mon but est bel et bien de mettre en avant au maximum cette forme de cinéma, et pour cela, créer HONG KONG MADNESS m'apparaissait comme complètement nécessaire. S'il doit y avoir sur Canalblog un site spécialisé en matière de cinéma hong-kongais, je veux que ce blog le devienne et le reste.
Au-delà de ça, mon premier contact avec le cinéma hong-kongais date de mon enfance, et celui-ci s'étant ces dernières années quelque peu essoufflé, il me parait judicieux de lui rendre un hommage... Non pas pour finir de l'enterrer, car le cinéma hong-kongais à encore bien des années de gloire à venir, mais plutôt pour l'aider à retrouver sa gloire d'antan. Je ne m'attends pas à faire des miracles, bien entendu, mais cela vaut mieux que de ne rien faire.
Pour ceux que ça intéresse, mes premières découvertes en matière de cinéma hong-kongais furent les films de l'inévitable Jackie Chan quand j'étais tout petit : LE MARIN DES MERS DE CHINE & DRUNKEN MASTER II ont été deux de mes grandes baffes d'enfant, mais la vraie baffe, le vrai choc, est arrivé plusieurs années après, quand j'avais 9 ans, avec A TOUTE ÉPREUVE, THE KILLER et UNE BALLE DANS LA TÊTE du grand John Woo, qui, encore aujourd'hui, est un de mes réalisateurs préférés. Après cela, j'ai perdu mon intérêt dans le cinéma et j'ai donc arrêté de découvrir des films hong-kongais pendant un long moment, mais quand j'avais 15 ans, SEVEN SWORDS de Tsui Hark et le magnifique SPL de Wilson Yip, bien aidé des magnifiques hommages aux films de la Shaw Brothers que sont les KILL BILL de Quentin Tarantino, ont relancé ma passion pour le cinéma, et par la même, mon intérêt pour le cinéma HK. C'est une époque à laquelle j'ai découvert les derniers John Woo qui me manquaient (LE SYNDICAT DU CRIME 1 & 2 notamment), les films de Wilson Yip (DRAGON TIGER GATE, IP MAN 1 & 2 ont pour moi été des chocs), et mes premiers Tsui Hark, notamment TIME AND TIDE et THE BLADE, sans me douter une seule seconde que celui-ci allait devenir mon réalisateur préféré et allait complètement bouleverser ma vision du cinéma.
Le choc définitif arrive donc en avril 2012 avec THE LOVERS de Tsui Hark. Je ne savais pas du tout quoi attendre, et je ne l'ai acheté que parce que je ne savais pas quoi acheter d'autre, mais la perspective de voir le réalisateur d'un des films les plus nihilistes qui m'aient été donné de voir réaliser une comédie romantique m'intriguait autant qu'elle m'effrayait et me déconcertait... Inutile de dire que ça a été une baffe, et aujourd'hui, THE LOVERS est sans doute mon film favori, toutes catégories confondues. Depuis, je n'ai pas su m'arrêter de découvrir des oeuvres hong-kongaises : de la filmographie de Tsui Hark, que j'ai énormément exploré, je suis passé à d'autres réalisateurs moins reconnus mais aussi intéréssants comme Yuen Woo-Ping ou Ching Siu-Tung, par les oeuvres de la Shaw Brothers (notamment King Hu et Chang Cheh), jusqu'a maintenant, ou les films de Sammo Hung, Jackie Chan, Stephen Chow et Liu Chia-Liang sont complètement au centre de mes intérêts. Ma passion du cinéma hong-kongais grandissant constamment, il m'est finalement venu l'idée de créer ce blog.

18[SWORDSMAN II - CHING SIU-TUNG - 1992]

Une dernière chose pour finir : si je suis actuellement le seul rédacteur du blog, j'espère que ça va changer prochainement. J'essaye actuellement de contacter des "connaisseurs" pour qu'ils enrichissent le blog de leurs connaissances et comblent mes lacunes, mais je ne veux pas réserver le "privilège" de rédiger sur ce site seulement aux connaisseurs et ainsi faire de HONG KONG MADNESS un site profondément élitiste. Si vous avez quelque chose à dire, dites-le, et ce, que vous connaissiez l'oeuvre en question ou pas... L'ambition de ce site est purement initiatique de toutes façons, et je serai honoré de pouvoir poster ici des critiques de films hong-kongais qui me seraient proposées par vous, chers lecteurs... La "qualité" n'a aucune importance. Ce qui compte, c'est la passion, et l'intérêt, et si vous avez au moins un de ces deux-là, alors vous êtes plus que bienvenus sur ce blog.

-ZE RING-

09[VENGEANCE! - CHANG CHEH - 1970]

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